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Jude, masochiste et propriété consentante
12 décembre 2023

L'histoire (compliquée) de mon orientation sexuelle

Disclaimer : plutôt que femmes et hommes, je vais souvent (quand ça s'y prête) utiliser deux termes plus inclusifs qui sont fiaspec et miaspec. La raison est simple : le genre est un spectre dont les identités homme et femme sont aux extrémités. Je préfère m'exprimer aujourd'hui en utilisant des termes plus inclusifs et plus précis pour définir mon orientation sexuelle. Au passage, ici je parle bien de genre et non de sexe. On peut être miaspec en étant un homme cis, trans ou personne non-binaire. De même pour fiaspec. Je n'ai que peu de préférences génitales, en ce qui me concerne.

 

 J'écris cet article surtout pour moi-même, pour faire un point sur mon parcours jusque là.

 

La découverte et l'exploration de mon orientation sexuelle a été un des points majeurs de mon adolescence, source d'une certaine hyperfixation d'ailleurs. Je l'ai remise en question, doutée de mille et une manières, été fixée sur une étiquette pour au final revenir dessus plusieurs fois jusqu'à me décider. Aujourd'hui, des discussions et des réflexions m'ont fait à nouveau réfléchir dessus. Je pourrais ne pas me prendre la tête sur la question bien sûr, mais j'ai toujours été quelqu'un qui se prend la tête. A la recherche de la vérité ultime, de cette unique étiquette qui me décrirait vraiment. Bref, au final je pense surtout que mon cerveau cherche toujours de la dopamine, c'est tout. Donc c'est parti, je vais lui en donner un peu en écrivant ce texte.

 

J'avais 13 ans lorsque j'ai questionné pour la première fois mon orientation sexuelle. Avant ça, je sais qu'en rétrospective je n'avais pas eu que des attirances "hétéro" (je pensais être une femme cis à l'époque, donc c'est comme ça que je percevais mon attirance pour les hommes). Mais vu que la société ne prône que des schémas amoureux hétéronormés, j'avais toujours assumé que mes relations avec des filles étaient "de l'amitié" et avec des hommes potentiellement plus. Lorsque j'ai découvert le terme de "bisexualité" à l'âge de 13 ans, ça a donc été un long parcours de remise en question et de doutes pour moi.

 

J'ai rapidement compris que je ressentais quelque chose pour les femmes. Quelque chose que je ne m'étais que peu autorisée à ressentir avant, par méconnaissance et comme dit plus haut, parce que j'ai toujours assumé que c'était de l'amitié. Plus je me déconstruisais et m'autorisais à ressentir ces sentiments là pour des femmes, plus je les ressentais. Au bout de quelques mois, j'avais regardé un nombre incalculable de vidéos sur le sujet, je m'étais renseignée par tous les moyens. Parfois, mes doutes et mes questionnements m'empêchaient même de dormir.

 

Mais d'où provenaient ces doutes ? Principalement du fait que pendant plus d'un an, j'ai questionné la légitimité de ma sexualité. Je me demandais si j'avais des préférences pour les hommes ou si j'étais simplement une hétéro qui veut "se la jouer bi" parce que c'est à la mode. Je me demandais si j'étais véritablement attirée par les femmes parce que je n'avais eu d'attirances "majeures" que pour des hommes. Je me demandais si mon attirance pour les femmes n'était que sexuelle ou si elle était romantique également. J'essayais de me projeter, mais je n'y arrivais pas, n'ayant eu que peu de relations (et aucune avec des femmes, encore à ce jour). Un autre point, comme je l'ai déjà expliqué dans l'article sur mon parcours BDSM, j'ai eu des fantasmes BDSM intenses très jeunes. Et dans ces fantasmes, les sadiques/doms étaient toujours des hommes. Je ne me rappelle pas avoir une seule fois eu un fantasme où la femme était la personne dominante ou sadique.

 

Tous ces doutes m'ont souvent menée à renier ma "bisexualité", puis y revenir dès que je ressentais une attirance pour une femme. A l'âge de 15 ans, j'ai été indéniablement attirée par une fille qui avait un an de moins que moi, que je trouvais à la fois magnifique physiquement et dont le caractère me plaisait beaucoup aussi. C'est quelque chose qui m'a rassurée pendant un moment, mais qui n'a pas duré longtemps. Mes fantasmes BDSM continuaient à tourner autour des hommes et c'est majoritairement des comportements dominants que je recherchais chez eux. Cette fille continuait à m'attirer mais... impossible de l'imaginer dans un fantasme autre que vanille. Fantasmer d'elle en position dominante ? Pas question. Et moi ? Encore moins. J'avais du mal à comprendre. Si je n'étais pas attirée par les hommes et les femmes de la même manière, qu'est-ce que ça pouvait bien signifier sur moi ? Et sur la suite ?

 

Vers 18 ans, j'ai arrêté de me poser des questions. Après 5 ans de remise en question constante de ma bisexualité, je pense que mon cerveau en a eu marre. Ce n'était plus assez intéressant et j'avais d'autres priorités avec le début des études supérieures. J'étais bi, point. Peu importe de quelle manière. Et j'aurais pu m'arrêter là.

 

Mais deux évènements ont causé une seconde phase de remise en question. Le BDSM et la découverte de ma non-binarité. Et ces deux aspects sont très liés entre eux au niveau de mon orientation sexuelle. Au travers de la non-binarité, j'ai d'abord changé d'étiquette. Je suis passée de "bisexuelle" à "omnisexuelle" parce que je trouve le terme "omni" plus inclusif que "bi". Il inclut explicitement tous les genres. Par rapport au terme "pansexuelle" qui est aussi une orientation qui inclut tous les genres, il y a deux différences : (1) je ne suis pas aveugle au genre, la manière dont je vais être attiré par un homme, une femme ou une personne non-binaire n'est pas la même. La seule chose sûre c'est qu'en raison de ma non-binarité, toutes mes attirances sont par essence queer peu importe le genre (2) je peux avoir des préférences en fonction du genre (ce qui est mon cas, bien que mes préférences soient relativement fluides).

 

Donc déjà, cette étiquette m'a permis d'accepter que je n'avais pas besoin d'être attirée autant par un genre que par un autre pour être légitime dans mon identité. Et bien que ce soit déjà techniquement le cas dans la bisexualité, une étiquette où c'est explicitement précisé me convient mieux.

 

Maintenant passons au BDSM. Comme je l'ai dit avant avec le concept d'omnisexualité, je m'autorise à ne pas être attirée par tous les genres de la même manière et à avoir des préférences en fonction de ceux-ci. Eh bien, plus j'explorais le BDSM et en particularité les relations D/s, plus je me rendais compte que j'ai une énorme préférence pour les personnes miaspec dans la position de dominant(e)s et de sadiques. C'est évidemment une construction sociale, sûrement causée par le fait que j'aie largement plus associé la domination et le sadisme aux genres masculins (merci le patriarcat...) mais quoi qu'il en soit, c'est ainsi que je fonctionne. Lorsqu'il s'agit de simple jeux et non d'une relation D/s long-terme, j'apprécie beaucoup de jouer avec des personnes fiaspec. En particulier en tant que top et encordeur(euses), un peu moins souvent en tant que dom(mes) et sadiques. Mais quand il s'agit d'une relation D/s en revanche, je me verrais bien plus difficilement en relation long-terme avec une personne fiaspec. C'est comme ça.

 

Ce que tout ça m'a démontré, c'est que le BDSM est une composante très importante de mon identité queer et l'a toujours été. Déjà parce qu'elle conditionne mes préférences en termes de genre, mais aussi tout simplement parce que le sadisme et la domination sont primordiaux à mon attirance et envie de relationner avec quelqu'un. De fait, lorsque j'ai accepté ça, plusieurs questions se sont bousculées dans ma tête. Puisque j'ai besoin que mes relations soient D/s et non vanilles, et puisque je ne me verrais qu'avec une personne miaspec dans un tel cadre, le BDSM me rend-il de facto exclusivement attirée par les personnes miaspec ?

 

La réponse s'est imposée à moi comme une évidence ces derniers mois. Dans un certain sens, oui. Mais dans un autre sens, non. Lorsque j'ai été attirée romantiquement/sexuellement par cette fille à l'âge de 15 ans, c'était bien réel. Et même aujourd'hui, il m'arrive d'être attirée par des personnes fiaspec malgré tout. Mais j'ai compris que les personnes fiaspec qui m'attirent sont plutôt d'autres personnes du côté s, comme moi  (ou éventuellement vanilles). Et cette attirance n'est qu'amplifiée si la personne en question est elle-même attirée par mon Maître... compliqué, n'est-ce pas ?

 

Au final, oui, il y a 99% de chances que je ne relationne qu'avec des personnes miaspec dans ma vie. Mais pour autant, ça n'invalide pas mon attirance pour les personnes fiaspec dans certains cadres. Et au final, ça reste même assez cohérent avec mon omnisexualité et le rôle que le BDSM a toujours joué dans ma vie. 

 

Ainsi, me voilà. Je suis attirée par les personnes miaspec dominantes majoritairement (au travers du BDSM donc) et tout de même très attirée par les personnes fiaspec soumises/vanilles (et beaucoup plus rarement dominantes), bien que de manière plus secondaire et sans avoir le désir de moi-même les dominer. Pour les personnes au milieu du spectre (par exemple agenres ou neutres, comme moi), c'est au cas par cas. Tout dépend de ce qu'elles dégagent. Je suis donc bel et bien omnisexuelle, dont les préférences sont influencées par le BDSM. Omni-sadisme-sexuelle ? Je rigole, mais en réalité je trouverais ça bien que l'on commence à prendre conscience du rôle que le BDSM peut jouer dans notre identité et les implications qu'il peut avoir sur nos orientations. Je ferai peut-être un petit article annexe sur le sujet si j'ai le temps.

 

Voili voilou. C'est ma conclusion et je pense qu'elle le restera pendant un moment.

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Commentaires
G
Très cool de lire ce petit résumé 🦦<br /> <br /> <br /> <br /> J'aimerais bien aussi qu'un jour le bdsm soit considéré comme sa propre orientation, mais je pense qu'on en est loin. Je pense que c'est compliqué dans la mesure où une attirance bdsm repose sur des traits de sadisme, masochisme, dominance ou soumission qu'on peut percevoir chez les gens. Du coup pour beaucoup, c'est juste une "préférence de personnalité" ou au pire, juste des pratiques qu'on est curieux d'explorer, au même titre que visiter des trucs quand on voyage, plutôt qu'un vrai truc influant sur la sexualité. Comme les personnes trans, les pratiquants bdsm ont longtemps été invisibilisés dans les mouvements lgbt, alors que, tout comme les personnes trans, on était là depuis le début, avant, pendant, après stonewall. Faut quand même oas oublié qu'une bonne partie de la culture bdsm moderne est issue des hommes gays 😁! Bref, c'est encore un autre sujet, mais c'est très cool en tout cas !
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Jude, masochiste et propriété consentante
  • Masochiste, propriété et victime consentante de mon sadique depuis le 10 juillet 2020. Relation CNC 24/7 (TPE) queer & intervalide. Réflexions et éducatif BDSM, relations alternatives, LGBT+, féminisme et handicap.
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