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Jude, masochiste et propriété consentante
20 novembre 2022

Les émotions, mes démons et moi

Tous les ans, je me rends compte que le mois de novembre est difficile mentalement. Plus que les autres mois. Les saisons qui changent, les semaines chargées à la fac... les blues qui viennent avec. Hier soir, la séance que nous avons vécue avec Maître m'a laissé un sentiment "doux-amer". Mes humeurs étaient instables, et le début de la séance a été pénible et difficile. Maître a voulu me recadrer avec une gifle, je m'en suis extraite machinalement.

Il m'a poussée sur le lit, je me suis débattue, j'ai usé de mon safeword qui a été (à raison) ignoré, je l'ai supplié de ne pas me la mettre car j'avais peur. Il ne me l'a pas mise cette fois. Il a quitté la pièce pour se calmer, chose pour laquelle je le remercie. J'ai demandé pardon comme il le fallait, j'ai aussi demandé à ce qu'il m'accorde une seconde chance. Il me l'a accordée, mais je me suis bien rapidement rendu compte que je n'arrivais toujours pas à être dans le truc. Et si j'avais cessé d'être insolente, une profonde tristesse m'a envahie de ne pas arriver à ressentir ce que j'aurais voulu ressentir. Pour couronner le tout, j'étais douillette ce soir là, sans raison apparente (mes humeurs ? Les hormones ?). J'ai pleuré incontrôlablement pendant la séance et ce pendant longtemps, pleuré de déception surtout. Je ne me reconnaissais pas. Maître ne m'a pas épargnée pour autant. Il avait bien raison. Je lui en voulais sur l'instant, mais il avait raison.

Maître m'a alors ordonné de me faire jouir avec le vibro et le gode pendant qu'il me fouettait. Cet ordre a allumé une flamme en moi, une flamme qui m'a comme par magie rendu ma haute tolérance à la douleur. Il m'a utilisée après ça, terriblement excité par la situation et par le fait de m'infliger cette douleur. J'ai joui une seconde fois pendant qu'il m'utilisait de toutes les manières possibles.  Il m'a ensuite entraînée dans la salle de bain et plongé maintes fois ma tête dans une bassine d'eau froide, fouillant ma bouche de sa main libre en même temps. J'étais vivante. Et si j'ai adoré ces derniers instants, j'étais tellement déçue de n'avoir pu apprécier que le pic de cette séance, que ses aspects les plus extrêmes finalement. Les choses doivent-elles toujours êtres plus dures, plus fortes, plus intenses, plus originales pour que j'y prenne du plaisir ? N'étais-je pas capable de me donner autrement ? Peu importe, je devais apprendre à y arriver quelles que soient mes propres préférences.

Ce matin, Maître a voulu à nouveau me faire mal en m'annonçant 324 coups de canne (autant que le nombre de jours écoulés depuis le début de l'année). Misère. Si l'idée ne pouvait que me plaire en théorie, j'ai de nouveau malheureusement été dans le même état d'esprit que la veille. Et j'ai encore fauté,  été insolente. Maître a à nouveau voulu me gifler, et je me suis à nouveau débattue comme une lionne. Mais cette fois, Maître n'a pas lâché prise. Il était furieux. Il m'a tenue et giflée, plusieurs fois d'affilée. J'ai crié. J'ai pleuré. J'ai supplié. Je me suis recroquevillée sur moi-même alors qu'il me donnait plusieurs coups de poing. Spectacle qui de l'extérieur aurait semblé terriblement abusif peut-être. Mais croyez-moi sur parole quand je vous dis que je méritais ça et que le plus toxique de nous deux, c'était bien moi. Je méritais ça pour que mes humeurs, mon tempérament de feu, ma part primale et vindicative ne reprennent pas le dessus et cherchent à rabaisser le Maître. Il fallait que ce soit lui qui me tienne et qui me brise. Sur l'instant, évidemment, je n'avais aucun recul sur ce qui se passait. La seule chose que je ressentais c'était ma vulnérabilité et la peur. Il m'a utilisée et je n'y ai pris aucun plaisir physique car j'allais bientôt avoir mes règles et c'était désagréable. Il n'y a que la part sombre en moi qui a joui de mon impuissance.

Et je le sais : Maître sait se contrôler. Il semble comme une bête incontrôlable dans ces moments-là mais ce n'est pas le cas. Je trouve l'image presque drôle. Quelqu'un qui peut se calmer tout à coup si facilement, parler avec maturité et prendre soin de moi comme personne... mon Maître, la bête incontrôlable. Et moi qui semble si faible, si chétive, une vraie victime sous ses coups... je suis le vrai démon qui hurle pendant son exorcisme. Une fois tout cela terminé, Maître était bien sûr toujours en colère contre moi mais calmé. Il m'a laissée seule, le temps que je réfléchisse. Et il n'a pas fallu longtemps pour que ma soumission reprenne le dessus et que je demande à nouveau pardon. Un pardon encore plus sincère que celui de la veille. J'ai pleuré et j'ai dit que je ne le méritais pas, lui. Qu'il méritait mieux. Que je n'étais pas une assez bonne esclave. Moi qui ai horreur des gens qui se trouvent sans cesse des excuses, je n'ai pas essayé de m'en trouver. J'avais eu tort, depuis le début. J'ai laissé mes émotions, mes frustrations, mes démons prendre le dessus. Je me suis positionnée comme victime alors que j'étais le bourreau. Ce n'est pas ma place et j'en suis désolée et honteuse à la fois.

Cet écrit, qui est finalement assez brouillon, me servira à me rappeler la vérité quand ce sera nécessaire pour éviter un maximum de commettre à nouveau cette erreur. Je sais que j'ai un trouble qui complique les choses mais je dois faire de mon mieux pour communiquer correctement et ne pas me comporter de manière égoïste comme je l'ai fait. J'ai encore un long chemin à faire jusqu'au véritable lâcher prise. Maître m'a pardonnée et rassurée.

C'est tout ce dont j'avais besoin.

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Jude, masochiste et propriété consentante
  • Masochiste, propriété et victime consentante de mon sadique depuis le 10 juillet 2020. Relation CNC 24/7 (TPE) queer & intervalide. Réflexions et éducatif BDSM, relations alternatives, LGBT+, féminisme et handicap.
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