La vision du Maître
Je publie cet écrit aujourd'hui pour vous parler un peu de la vision du Maître, une notion particulièrement importante pour nous en relation M/e.
En tant qu'esclave, comme certains d'entre vous le savent certainement, je ne suis plus libre. Je n'ai aucun pouvoir décisionnel dans la relation dans laquelle je suis. Pourtant, je suis moi-même consciente que je ne serais pas capable de tout accepter. Pourquoi ? Car tout accepter implique un tas de choses auxquelles certains ne prennent même pas le temps de penser...
Tout accepter signifie accepter une potentielle non-monogamie alors qu'on est monogame, signifie accepter de travailler 10 heures par jour à l'usine si le Maître l'ordonne, accepter une dynamique de type rétro ou tout autre dynamique qui ne m'apporterait que très peu et dont je me lasserais rapidement... et évidemment, accepter même de revenir à une relation vanille si le Maître l'exigeait.
Mais alors si je ne suis pas prête à tout accepter, comment me dire véritablement sans aucun pouvoir décisionnel ? Pourtant je le suis, à une exception près. Car en vérité, il n'existe plus qu'un seul "pouvoir" que j'aie sur cette relation : la possibilité de partir, la quitter si elle ne me convient plus. Mais donc voilà, les choses sont très simples : la vision de Maître me convient (et il est difficile qu'il en soit autrement lorsqu'on décide d'atteindre un tel stade relationnel). Je n'ai pas le droit de renouveler mon consentement à chaque fois qu'il m'impose quelque chose car devenir esclave implique que j'ai accepté les grandes lignes relationnelles qu'il m'a exposées et que je lui dois à présent obéissance absolue. Cette vision, dont nous avons discuté, était à prendre ou à laisser. J'y ai évidemment adhéré, en acceptant son collier. J'ai consenti donc à ce que, dans ce cadre qu'il m'a exposé, je n'aie plus aucun pouvoir.
Alors oui, comme la majorité des esclaves qui ont désiré ce modèle relationnel, j'ai eu des attentes. Ces attentes étaient centrées autour de deux concepts majeurs : je savais dans quel type de relation je voulais me retrouver et avec quel type de personne... à partir de là, tout était possible. Auprès du Maître qui me correspondrait, je savais que je pourrais donner tout de moi et plus encore. La solution à la question des attentes est donc simple mais pourtant très rare (ce qui rend les M/e durables d'autant plus rares) : il faut trouver la bonne personne, celle avec qui tout est évidence et les attentes sont les mêmes.
J'ai eu cette chance. Et la vision de Maître, sa loi, ce sont les choses que j'ai choisi d'accepter en devenant son esclave définitivement. Je pourrais y renoncer à tout moment, j'ai cet unique droit*. Cependant, tant que je reste dans cette relation, je suis sa propriété et je lui dois soumission sur tout aspect, même les choses qui ne me plaisent pas toujours ou avec lesquelles je ne suis pas d'accord. J'ai le droit de suggérer, de discuter, mais en aucun cas d'imposer mes limites comme pourrait le faire un(e) soumis(e). En tant qu'esclave j'ai donné mon consentement à une relation de transfert d'autorité total et non à une liste de pratiques, et si j'ai le droit de retirer ce consentement, il implique aussi qu'un retrait revient à mettre fin à la relation M/e intégralement et non à dire stop à une pratique qui ne me plaît pas. En somme, si je ne veux plus obéir ou si je souhaite imposer quoique ce soit, la relation s'arrête. Qu'il en soit autrement signifierait que la nature de notre relation a changé, et aucun de nous deux ne désire une telle chose.
Nous ne sommes cependant nullement inquiets : un retrait de consentement ne me semble même plus envisageable aujourd'hui. Je tiens à cette relation plus que tout au monde car j'ai trouvé celui à qui appartenir comme une évidence. Merci Maître de m'avoir prise pour esclave et de me dresser chaque jour pour me parfaire à vos yeux.
*Acte bien évidemment pas anodin à ce stade de la relation, et qui ne se fait pas en claquement de doigts.