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Jude, masochiste et propriété consentante
22 janvier 2022

Pourquoi désirer souffrir ?

Aujourd'hui une petite réflexion sur le masochisme et plus particulièrement les raisons pour lesquelles certaines autres personnes que j'ai pu connaitre recherchent elles aussi la souffrance. Ceci n'a rien d'un article scientifique et ne se base que sur quelques observations que j'ai pu faire après plus de trois ans dans le BDSM et un an et demi en contact avec la communauté.

Pourquoi désirer souffrir ? Pourquoi se définir comme masochiste ? N'est-ce pas contradictoire ? Comment peut-on tirer du plaisir dans des choses biologiquement faites pour être déplaisantes ? J'aimerais tout d'abord clarifier quelques points. Rares (et à mon humble avis mêmes inexistant(e)s) sont les masochistes qui aiment la douleur pour ce qu'elle est. Il s'agit d'un signal d'alerte. A moins d'être atteint d'une rare maladie qui empêche de la ressentir, on est tous faits pour la percevoir, du moins sur l'instant, comme une sensation désagréable. Donc pour ces quelques personnes qui s'imaginent qu'être masochiste c'est avoir la capacité de convertir par magie la douleur en plaisir, en sensation de caresses... ôtez-vous cette idée de la tête. Si on avait la capacité de convertir la douleur en quelque chose de plaisant ce ne serait par définition plus du masochisme, puisqu'on apprécierait la sensation plaisante qui la remplace plutôt que la douleur en elle-même.

Mais de toute manière comme je viens de le dire... être masochiste ce n'est pas ça. Croyez-le ou non, mais la plupart des masos hard que je connais ou que j'ai vu passer sur Fetlife disent, parfois dans leur biographie, ce n'est pas la douleur en elle-même qui est plaisante mais ce que la douleur leur procure. Certain(e)s masos disent même que sur l'instant la douleur est détestable... et pourtant... ils/elles ne peuvent s'empêcher d'en vouloir plus et de rechercher cette souffrance. Alors pourquoi ?

Un début de réponse se trouve dans le fait qu'on distingue grossièrement deux types de masochisme (qui peuvent être retrouvés chez les gens à différents degrés).

Premièrement, le masochisme physique, qui est le masochisme le plus connu. Les masos physiques tirent un plaisir direct dans la douleur. Comme je disais avant, ce n'est pas parce qu'ils/elles convertissent la douleur en plaisir comme par magie, mais parce que la douleur physique leur offre des sensations jugées comme plaisantes ou appréciables sur l'instant.

Quelques raisons (non-exhaustives) que l'on peut citer sont : la recherche et le plaisir dans les endorphines sécrétées à cause de la douleur, chez certain(e)s l'excitation sexuelle et enfin le dépassement de soi. En ce qui me concerne, je suis masochiste physique et je me situerais plutôt dans la recherche d'endorphines et le dépassement de soi que l'excitation sexuelle.

Dans le masochisme physique, on classe toutes pratiques de SM physique, que ce soit impact (fouet, paddle, badine etc.) ou autres objets tels que les pinces, la contrainte et les positions douloureuses etc.

Parlons maintenant de la deuxième grande catégorie de masochisme : le masochisme émotionnel. Cette seconde catégorie est plus délicate car elle englobe beaucoup plus de choses que la première. On parlera souvent d'ailleurs plus d'appréciation de la souffrance que de la douleur.

Quelques exemples dans cette catégorie sont : les gens qui aiment l'humiliation, la dégradation, être utilisés et traités comme des objets, le CNC, les pratiques comme la noyade... les raisons sont souvent une érotisation de la souffrance, une recherche d'adrénaline ou d'intensité, de dépassement de soi... Dans le monde vanille on pourrait apparenter ce masochisme à la recherche de sensations intenses comme les montagnes russes, les films d'horreur etc.

Pour ma part, je suis également masochiste émotionnelle. Mon fort intérêt pour les relations de transfert d'autorité total, pour le CNC est causé par ce type de masochisme là, et ce depuis un très jeune âge. Pour certaines personnes, ce masochisme émotionnel se limite à une ou deux pratiques (souvent dégradation/humiliation/objectification). En ce qui me concerne ça englobe tout ce qui peut me mettre dans une position d'impuissance et de vulnérabilité extrême face à une puissance supérieure. La raison pour laquelle mon rôle principal est "masochiste" et non "esclave" sur des réseaux sociaux tels que Fetlife, c'est justement parce que mon désir d'esclavage est issu de ce profond masochisme émotionnel.

Vous l'aurez donc compris, ces catégories ne sont pas mutuellement exclusives et le masochisme est un spectre. Vous pouvez être masochiste physique en appréciant un seul type de douleur ou dans une seul zone, ou masochiste émotionnelle en aimant une seule pratique de SM émotionnel.

Voilà donc un petit écrit rapide sur l'appréciation de la douleur, de la souffrance, les types de masochisme et quelques raisons pour lesquelles on peut apprécier ce type de jeux.

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Commentaires
É
Chère jude,<br /> <br /> Je me lance, premier commentaire sur ton blog 😊<br /> <br /> Article très intéressant, et qui m'oblige à rebondir sur la catégorie numéro 4 : oui, je parviens parfois à jouir sous le fouet, sans le moindre contact avec ma chatte ou mon clitoris. Il s'agit d'un orgasme sexuel, différent de celui provenant d'une pénétration ou d'une stimulation clitoridienne, et généralement associé à l'éjaculation (fontaine), mais absolument et indéniablement réel ! Donc si si, c'est possible, je te l'assure 😄<br /> <br /> Une belle journée à toi et mes humbles salutations à ton Maître, je retourne à la découverte des autres articles 😊<br /> <br /> Sincèrement, <br /> <br /> élerinna, kajira d'Elendil
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M
Encore une fois, excellent article. C'est un plaisir à lire, et je me permettrai de le partager si quelqu'un me pose la question.<br /> <br /> <br /> <br /> La 5e piste que tu évoques est généralement une que je laisse volontairement de côté quand j'en parle rapidement, car elle ouvre pour moi de nombreuses interprétations dont je ne suis pas sûr et qui éloigne du bdsm en lui-même.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour en parler un peu ici, plusieurs concepts non bdsm me viennent en tête, sans que je sache définitivement s'ils mérite d'être classés dans cette catégorie :<br /> <br /> - l'extase du martyr. S'il existe un "syndrome du martyr", c'est que cette position fourni certains bénéfices.<br /> <br /> - L'extase de la meurtrissure du corps, hors sévices physiques. Les jeunes prolongés par exemple peuvent générer des sentiments d'euphorie.<br /> <br /> - l'empowerment. La souffrance n'est plus subie mais recherchée, elle place en agent plutôt qu'en victime.<br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, concernant le 4, je pense que l'excitation sexuelle est ravivée par la proximité du danger ou de la mort. Je ne parle pas juste d'une paraphilie, mais d'un réflexe biologique visant à préserver l'espèces/ses gènes. Plus la vie semble fragile, plus la soif de reproduction est importante.<br /> <br /> <br /> <br /> Je pense par exemple au taux de natalité, plus élevé dans les pays du tiers monde que dans les pays les plus riches. Ou à la poussé libidinale dont témoignent certains personnels soignants confrontés à la mort de patients. Ceci dit, il ne s'agit là que de suppositions, je n'ai fait aucune recherche sur le sujet.
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Jude, masochiste et propriété consentante
  • Masochiste, propriété et victime consentante de mon sadique depuis le 10 juillet 2020. Relation CNC 24/7 (TPE) queer & intervalide. Réflexions et éducatif BDSM, relations alternatives, LGBT+, féminisme et handicap.
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