Quand la masochiste prend le dessus sur l'esclave...

Comme vous devez le savoir si vous me suivez depuis le début ou si vous avez lu certains de mes premiers textes, je suis masochiste. Et encore une fois, bien que je n’aie aucune envie de me placer sur une échelle concernant le masochisme (qui de toute manière ne veut rien dire), c’est aujourd’hui devenu un besoin. Je pense qu’au fond ce besoin est rapidement né en moi, bien avant que je sache et que j’expérimente le BDSM. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui il est bien ancré en moi et pas près de me quitter.

Malheureusement…il arrive parfois que mes désirs masochistes prennent le dessus sur l’esclave que je suis. Comme vous savez, je ne suis pas de nature soumise. J’ai besoin d’appartenir à un Maître, mais je ne suis pas naturellement docile, et l’obéissance ou le service sont pour moi des aptitudes à acquérir et non des dons. Donc parfois, lorsque mes envies sadomasochistes s’imposent dans notre relation, elles viennent un peu mettre la misère et interrompre l’harmonie qui règne entre nous.

J’ai la chance d’avoir un Maître très sadique. Mais aussi sadique qu’il puisse être, il n’est pas toujours disposé que ce soit par envie ou par fatigue de me donner la dose dont j’ai besoin. C’est un vrai combat interne pour moi que d’accepter que ce soit lui qui décide, que j’y ai consenti et que sur le long-terme c’est ce qui me rend heureuse et non le fait de décider par moi-même. Quand nous ne faisons pas assez de séances ou que Maître n’est pas sadique régulièrement avec moi, j’ai des tendances à… certains diraient agir comme une brat. Je ne suis pas d’accord avec l’emploi de ce terme, car pour moi il désigne une dynamique consentie et voulue par les deux partenaires, dans laquelle la personne soumise joue au jeu de la provocation avec son Dominant. Moi, lorsque je me rebelle, c’est un signe de détresse. Je ne joue pas, et je ne me rebelle jamais parce que j’ai envie de casser les pieds de Maître ou l’embêter d’une quelconque manière. Oui je peux être taquine voire SAM, mais le contexte est toujours très différent. Là, c’est un mauvais comportement de ma part et je suis tout à fait consciente que sur le long-terme, je devrai apprendre à m’en défaire. Car si je suis masochiste, j’ai accepté avant tout de lui dévouer ma vie au-delà de mes propres désirs. J’ai donc accepté la frustration et par conséquent de me canaliser face à celle-ci.

Parfois, mon "manque" s’exprime d’une manière différente. Parfois, ce n’est pas que je me rebelle. Du moins pas activement. Mais parfois, je suis juste…mal. De mauvaise humeur. Je ressens comme un vide en moi. Et là aussi, ce n’est pas une attitude désirable. Pour Maitre déjà, car il ne souhaite pas être servi par une esclave de mauvaise humeur et boudeuse, mais aussi tout simplement parce qu’il tient à moi et qu’il ne veut pas que je sois malheureuse. Parfois, je dois me faire violence pour accepter qu’il existe ces périodes-là, qu’elles sont dures, mais que je dois les accepter. La vie en M/e, ce n’est pas juste des fouets et des chaines en permanence…loin de là.

J’aime et j’estime Maître quand il est sadique et entreprenant, mais tout autant quand il est déprimé ou malade. Je suis esclave tout le temps, pas uniquement quand ça m’arrange. J’ai écrit cet article car nous avons récemment vécu des périodes ainsi. Le mois de novembre a été particulièrement chargé et angoissant pour nous deux, et nous avons eu du mal à caler des moments où nous pourrions reconnecter en séance. Cependant, ces derniers jours, Maître a trouvé le temps de m’encorder plusieurs fois (depuis le temps qu’il voulait essayer ces nouveaux ties sur moi) et de nous offrir une petite séance d’impact…saignante. Sans surprise, je suis devenue légère comme une plume. Toute ma déprime, toutes mes angoisses se sont envolées pendant qu’il m’attachait avec un fond de musique nordique, ou pendant qu’il me faisait saigner au paddle aiguisé. Le fait qu’il ait le pouvoir de me redonner autant de bonheur et le sourire juste comme ça…mais qu’il soit tout autant dans la capacité de m’en priver me fait ressentir ma soumission à lui au plus profond de mon âme.