Lâcher prise

Je me souviens dans nos débuts (et même parfois encore aujourd'hui), j'avais beaucoup de mal avec la notion du lâcher prise, pourtant notion clé des relations M/e.

J'avais du mal avec le lâcher prise car malgré toute ma volonté de me soumettre, la part de moi encore influencée par les shémas vanilles hurlait son désir de contrôle pour apaiser ses moments d'anxiété. Hurlait aussi parfois son désir de faire les choses à sa manière quand les propos du Maître ne "convenaient pas" et qu'elle ne voulait pas les entendre. Tout cela entrait en conflit avec ma part soumise, qui elle hurlait de laisser tomber, de me soumettre, de le laisser faire tout ce qu'il veut sans refus ou désobéissance... car il a tous ces droits sur moi.

Il y a quelques jours, je me suis confiée à Maître. J'avais du mal à lâcher prise sur une affaire qui nous concerne. Pendant la première moitié de la discussion, j'ai parlé comme une personne libre, ou presque. Je me suis sentie vouloir gérer ma part des choses à faire dans le cadre d'une relation égalitaire. Et puis, le déclic. J'ai présenté mes excuses. Ma part soumise a pris le dessus. J'ai expliqué en quoi j'avais eu tort de m'opposer à lui. J'ai expliqué que j'agissais telle une personne qui veut se soumettre à elle-même, à ses propres lois, et que cela revient à être libre. Oui, j'avais le droit d'être frustrée comme n'importe quel être humain mais il fallait que j'apprenne à canaliser cette frustration et non l'utiliser comme une arme.

Maître m'a alors rassurée avec une indulgence rare dont je le remercie : "Voilà, arrête de te prendre la tête. Suis mes directives et mes envies de ton mieux et voilà. Cette M/e tu l'as entre autres voulue pour me déléguer ta vie afin de lâcher prise et de ne plus te prendre la tête avec ces choses-là. Alors fais le bon Dieu."

Il avait raison bien sûr. Chacun a sa place choisie dans cette relation. Essayer de prendre celle de Maître par soumination involontaire ? Peut-être qu'une part de moi aurait envie de s'en satisfaire, mais au fond je sais très bien que se soumettre à soi-même signifie ne jamais accepter de simplement lâcher prise. Maître n'accepterait jamais une telle chose et dans le fond moi non plus. Je m'éteindrais à petit feu dans un tel cadre.

Maître m'a félicitée pour mon revirement et ma maturité pendant la discussion. Je me suis félicitée silencieusement moi-même en me disant qu'à une époque, j'aurais sûrement été plus irrespectueuse et punie pour ça. Cette nuit-là je me suis véritablement sentie plus légère. C'est lui qui décide, c'est lui qui mène la danse, c'est lui qui veut ce rôle et pas moi. Je tâcherai de m'en souvenir.

Comments

[Judxs]

Bonjour Prélude et merci pour votre commentaire !



Ravie que cet écrit fasse écho en vous ! Je pense en effet que ces moments font partie de la majorité (voire tous) les parcours des soumis(es) et esclaves et qu'il y a une véritable beauté à constater nos évolutions...

[Prélude]

Oh merci pour ce témoignage Jude !

Je m'y retrouve beaucoup. Comme si parfois un petit diable se réveillait dans ma tête, et ombrageait ma place à ses pieds.

Mais je sens ma raison d'esclave revenir de plus en plus vite, et cela montre, comme pour vous, le chemin parcouru...

Et oui... Quelle légèreté après !