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Jude, masochiste et propriété consentante
29 octobre 2021

Notre relation M/e

Aujourd’hui, c’est un bout de nous que je tiens à exposer dans cet écrit. C’est un post mûrement réfléchi, peut-être contrariant pour certains au vu de certaines révélations que j’y ferai. Là aussi, je rappelle que ce qui sera dit ne tient que pour notre relation et que chacun est tenu de vivre la sienne comme il ou elle l’entend.

La vision du Maître

Lorsque nous avons commencé notre relation M/e, bien que j’aie été soumise avant, certains changements s’imposaient officiellement. Je dois l’avouer, nous avons mis du temps à nous trouver. Lorsque nous avons fait nos débuts dans les relations d’échange de pouvoir, nous sommes tombés dans un piège classique : vouloir faire comme tout le monde. Nous avons implémenté protocoles, règles et rituels. Nous avons rédigé un contrat très détaillé. Nous nous sommes battus longtemps pour faire fonctionner une relation qui finalement…comportait énormément d’aspects qui ne nous ressemblaient tout simplement pas. Ce n’était ni motivant ni encourageant et notre prise de conscience a été véritablement libératrice.

En lisant le premier livre de la trilogie Devil in the Details de LT Morrison (que je vous conseille si vous êtes à l’aise en anglais), nous sommes tombés sur un passage concernant « La vision du Maître ». Je ne peux que faire l’éloge de cette trilogie en termes de réalisme et d’apports pour tous ceux qui veulent débuter une relation M/e. La vision du Maître, bien que le concept semble évident, consistait à la remise en question de ce que le Maître désire. LT Morrison, grand éducateur et Maître le dit clairement. Le Maître a une vision. L’esclave y adhère en acceptant la relation ou n’y adhère pas. Point. Il a fallu reconnaitre nos torts en essayant de reproduire une vision qui n’était pas la nôtre. 


Cela nous a fait réfléchir. Une prise de conscience s’est imposée : nous n’étions pas particulièrement protocolaires ou friands de rituels. La vision de Maître était simple : il voulait obéissance et service de ma part, ainsi qu’une constante recherche de développement personnel. Les protocoles et rituels sont très utiles lorsqu’ils permettent de renforcer le rapport hiérarchique et maintenir le lien mais complètement inutiles lorsqu’ils ne font que freiner certains aspects de la relation.

Maître a revu notre contrat (contrat qui a fini par disparaître, d'ailleurs). Nous n’avons gardé que ce que nous jugions nécessaire dans la relation. Obéissance en tout temps, Maître ayant le pouvoir sur tout ce qui me concerne. Des règles et protocoles tels que le vouvoiement permanent, le port du collier ou les demandes de permissions sont restés.  Tout ce que nous gardions devait servir à implémenter sa vision. Bien que nous soyons largement plus orientés contrôle que service, Maître a décidé que mon service envers lui serait un moyen de développement personnel. Il voulait une esclave instruite et compétente.

Et enfin, il y a eu un dernier aspect qui venait remplacer toute cette fausse image « très protocolaire » que nous nous étions créés et qui ne nous ressemblait pas…

Une relation hybride

Le sado-masochisme. Tous deux nous avons fait nos débuts dans le monde du BDSM en tant que sadique et masochiste. Que je le veuille ou non, c’est une partie de moi, autant que je suis esclave. L’image fallacieuse à laquelle nous essayions tant de correspondre avait fini par englober, enfouir cet aspect sadomasochiste qui pourtant faisait partie intégrante de qui nous étions. C’était comme si nous l’avions reniée. Rejetée. Les séances se faisaient plus rares car nous manquions de volonté et d’énergie à essayer de tenir une relation qui ne fonctionnait tout simplement pas. Je n’osais plus crier en séances non plus, j’avais cette image de « dignité » qu’il fallait démontrer pour être une bonne esclave et qui n’avait de raison d’être. De manière générale, tous les aspects sadiques qui animaient jadis notre quotidien n’étaient presque plus, remplacés par des tentatives désespérées de rentrer dans une case qui ne nous convenait pas.

Nous en avons reparlé. Sans pour autant revenir à nos débuts de sadique et de masochiste sans échange de pouvoir, nous avons discuté d’une relation hybride. Une relation M/e dite CNC. Une relation non-protocolaire, relativement primale, où Maître me dominerait de force, où je serais littéralement prise. Possédée à travers la violence, parfois la cruauté. Une violence dans laquelle je ressentirais son emprise à travers ce qu’il était capable de me faire subir. Je lui appartiendrais totalement, il me ferait obéir, me disciplinerait si besoin. Mais une chose était sûre : exit les faux semblants, retour aux sources.

Ce qui me mène à la troisième partie, et sûrement la plus controversée de toutes. Une partie que j’ai mis du temps à accepter.


Esclave par intérêt personnel

Nous avons tous nos propres raisons pour devenir esclaves. L’esclave parfaite, diraient certains, est celle dont l’unique plaisir ou le plaisir le plus haut est d’être au service de l’autre. Toute autre recherche ou requête n’est pas digne d’une esclave, surtout si celle-ci recherche son plaisir personnel.


Je ne correspond pas à cette catégorie-là, et qui veut pourra dire que je ne suis pas une esclave parfaite, ni même une esclave. Ce n’est pas ma capacité à sacrifier, oublier, faire passer en deuxième mes propres besoins pour servir l’autre qui me motive au fond. Bien au contraire.

Je tire un plaisir immense dans l’appartenance, mais ce plaisir est personnel et indissociable de mon caractère masochiste. Si j’ai adhéré à une relation M/e hybride, c’est parce que j’aime être malmenée. J’aime appartenir à l’autre car j’aime me sentir impuissante et vulnérable entre ses mains.

Faites-moi dormir par terre, humiliez-moi, frappez-moi, utilisez-moi sans pitié et je remercierai. Oui j’aime servir, j’aime donner du plaisir à celui qui me l’inflige…mais ce serait de mentir que de dire que le seul plaisir que je tire provient du plaisir de l'autre.

Pour être cent pourcent honnête, dans une relation M/e sans une once de brutalité, je me rebelle et je m’ennuie. Ce n’est pas que je sois brat, mais j’ai besoin d’être tenue. Une fois tenue fermement, je deviens docile, dévouée, serviable. Mais telle une jument sauvage, il faut savoir me dresser. D’ailleurs, le concept d’abnégation si cher à certains m’est complètement étranger. Je ne vois où se trouve l’abnégation dans le fait de vivre dans une relation inégalitaire certes, mais mutuellement bénéfique. Une femme vanille qui ne se soumettrait que par amour elle, fait bien plus preuve d’abnégation que moi.

Je sais en écrivant ces mots que beaucoup de personnes n’adhèrent pas à cette forme de soumission, ou ne la considèrent même pas comme étant de la soumission. Mais comme dit plus haut, chacun son truc et en ce qui me concerne la soumission 100% altruiste, je n'y crois pas une seconde.

N’allez cependant pas vous imaginer que tout est toujours une partie de plaisir : en donnant les pleins pouvoirs à Maître, j’ai accepté que certaines choses que je hais au plus haut point puissent tout de même arriver. J’ai accepté aussi une certaine humilité. J’ai accepté la frustration. Mais là encore, c’est une relation qui fonctionne dans les deux sens.

Et le principal, c’est que nous nous épanouissions tous les deux ensemble, mais chacun à notre manière.

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Commentaires
E
Merci Jude pour ce nouvel article plein de sincérité et très bien écrit !
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Jude, masochiste et propriété consentante
  • Masochiste, propriété et victime consentante de mon sadique depuis le 10 juillet 2020. Relation CNC 24/7 (TPE) queer & intervalide. Réflexions et éducatif BDSM, relations alternatives, LGBT+, féminisme et handicap.
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